Artistes :
ABDELKAREEM KHALIL (Irakien)
ABDELRAHMAN KATTANANI (Palestinien, Chatila)
BAHRAM HAJOU (Kurde)
HANI ZUROB (Palestinien)
HAYDAR ALI (Irakien)
HUSSEIN SAÏT (Tchétchène)
MOHAMMAD SAMI (Irakien)
SALAH ALMASOUDI (Irakien)
TAYSIR BATNIJI (Palestinien)
YOUSSEF ABDELKE (Syrien)
Rq : 3 Artistes palestiniens y participent malgré une opposition vive de certains membres du jury
"Pour n’offenser personne, il ne faut avoir que les idées de tout le monde" - Adrien Helvétius (1715/1771) philosophe français.
Cette année, comme l’année dernière, le Salon d’Automne fait encore son cinéma, il va proposer à son publique cultivé d’amateur d’arts plastiques et visuels une sélection d’œuvres audiovisuelles. Le thème que nous avons choisi pour cette nouvelle édition 2007 de notre manifestation devenue annuelle, est :
"l’Exil"
Déjà dans l’antiquité grecque les citoyens athéniens pratiquaient l’ostracisme. Plutarque rapporte dans la vie d’Aristide, (550/467), comment un paysan illettré lui demande d’écrire pour lui son nom sur l’ostrakon. Mais la gravure sur le jeton de vote indiquera finalement le nom de la personne à ostraciser soit "Aristide" homme d’état en personne.
"l’Exil" pertinent est "l’exil politique", il consiste à devoir quitter son pays d’origine en raison de répression ou de risques de répression exercée contre soi ou ses proches. Ces exilés proviennent en général de pays n’appliquant pas le pluralisme politique. Les principales formes de violence politique qui provoquent l’exil sont les persécutions idéologiques, ethniques, religieuses ou les conflits entre États. La majorité des exilés cherchent en général refuge dans un pays voisin, seul une partie restreinte d’exilés émigre vers des pays plus lointains. Le droit d’asile est reconnu dans la plupart des démocraties, toutefois les règlementations en matière d’immigration ont souvent tendance à restreindre ce droit au profit d’une stricte immigration économique (concept d’immigration choisie apparu en France en 2006). La recherche d’un emploi, d’une prospérité plus grande, de meilleures conditions de travail sont les principales causes d’émigration actuelle. En parallèle, l’émigré fiscal veut se placer dans un contexte légal et financier plus favorable (paradis fiscaux).
D’autres calamités accompagnent l’humanité, les catastrophes naturelles (typhon, éruption volcanique, tremblement de terre…), sanitaires et sociales (épidémie, épisootie …) climatiques et écologiques (réchauffement, pollutions industrielle, chimique, automobile…, épuisement des ressources naturelles…) entraînent l’exode de population entière vers l’exil.
Lorsque la violence qui était à l’origine du départ des exilés cesse d’exister, l’exil, en tant que situation collective spécifique prend fin. Les acteurs sociaux se trouvent alors confrontés à une situation nouvelle qui les rapproche des autres migrants. L’immigration est très présente aujourd’hui dans nos sociétés (globalisation, Worl Wide Web, world music, new age…). Comment éviter, par exemple, que l’ alter mondialisation, en diabolisant la mondialisation, ne crée des replis identitaires nationaux et ethniques ?
"l’Exil" peut être volontaire et individuel. Il peut également être considéré aujourd’hui comme un remède au mal de vivre et à une quête d’identité. "l’Exil" est aussi trop souvent lié à la paupérisation d’une classe sociale ou à la misère culturelle, intellectuelle et artistique, générationnelle ou parfois endémique (fuite à l’étranger des cerveaux, des talents, des connaissances, des savoirs faire…), ou être lié à la précarité voir l’absence de système de formation, d’éducation et de recherche. Le savant, l’auteur, l’artiste, l’étudiant ou l’apprenti en exil est généralement profondément marqué par l’expérience au point qu’elle peut quelquefois se révéler être une source d’inspiration à l’origine de véritable chef-d’œuvres (Guernica). Certain pense que le phénomène ne peut que s’accentuer sur terre dans l’avenir et travaille à trouver le meilleur moyen de s’installer durablement ailleurs que sur notre planète. D’autres s’interroge sur la différence qu’il y a entre altérité et tolérance.
Jean-Bernard Pouchous - Chargé de la programmation audiovisuelle pour le Salon d’Automne 2007.
Le programme 2007 "l’Exil" s’articulera donc dans le temps d’un montage chronologique d’une diversité de courts-métrages de fiction ou de documentaires actuels. Les oeuvres audiovisuelles sélectionnées offriront également la possibilité de visionner toute une diversité de techniques de réalisation (film, vidéo, dessin animé, 2D-3D…).
L’Exil au Salon d’Automne :
L’exil s’inscrit dans nos cultures sociales et politiques depuis le mythe du bannissement
de nos ancêtres du paradis. Cependant, loin du mythe, alors que l’exil
s’est historicisé, et à aucun moment de notre histoire il n’a pris une telle ampleur
et l’on ne cesse de répéter que notre époque est par excellence celle des réfugiés
et des émigrés. Ainsi, sur une planète perpétuellement ravagée par des guerres
incessantes et une paupérisation croissante, sur une terre où les fosses communes
remplaceront sous peu les champs et les forêts, l’exil atteint un nombre
exponentiel de victimes. Il paraît être leur seule opportunité de survie même si
elle n’est possible que dans un monde différent du leur, même si elle ne peut avoir
lieu que dans l’arrachement.
En racontant le destin de l’exilé, Edward Saïd a écrit, « la plupart des individus ont
la conscience aiguë d’une culture, d’un cadre, d’un chez-soi, les exilés sont conscients
d’au moins deux mondes. » Il ajoute : « cette pluralité de vision donne naissance
à l’appréhension de dimensions simultanées ». Pour la designer, il emprunte
au domaine musical l’expression de « contrapuntique. »
Qu’il soit imposé par les conditions extérieures ou choisit, l’exil constitue une
expérience intérieure : celle de la prise de conscience d’un écart, de la découverte
d’un espace entre le détachement vis à vis d’un monde étranger et le monde
intime irrémédiablement perdu.
Ici, entre la mémoire de son lieu d’origine et l’imagination libérée sur le lieu de
résidence, chaque artiste tente de tracer de façon contrapuntique de nouveaux
territoires donnant corps à une vision personnelle.
Dans le travail d’un exilé, l’on peut repérer les dimensions simultanées à travers
les discontinuités, les réfractions et les juxtapositions de deux mondes qui se
rejoignent ou se séparent en une cohabitation hybride où la mutilation du corps
humain devient un thème récurrent.
Regarder les oeuvres des artistes exilés, c’est voir le seul foyer dans lequel les
deux mondes de l’artiste deviennent un.
Kamal Boullata